Depuis le mois de mars 2020, le confinement imposé par les autorités de santé publique dans le monde nous a contraints à quitter notre lieu de travail et à regagner nos foyers. L’essentiel de notre existence se déroule désormais autour de la maison, une réalité avec laquelle les couples qui vivent ensemble doivent composer au temps de la COVID-19.
Un relâchement généralisé
Chose certaine, le confinement a mené à un relâchement chez la plupart des couples, comme le souligne avec justesse Jean-Claude Kaufmann, sociologue français, dans son ouvrage Pas ce soir. Le consentement dans le couple (Éditions Les liens qui libèrent, juin 2020) : « Tous les couples se sont rejoints dans le relâchement que rend propice la vie à demeure. On s’est tous laissé aller à un certain ramollissement. On a plus dormi, plus regardé la télévision, précisément 4 h 43 par jour, 1 h 15 de plus qu’à la même époque l’an passé. On s’est moins lavé, moins habillé. On a aussi moins fait l’amour. Bref, on peut s’attendre dans les mois qui viennent à plus de ruptures que de naissances… »
L’augmentation des tensions
Évidemment, avant la pandémie et les mesures sanitaires qui ont été mises en place, peu de gens étaient amenés à cohabiter sous le même toit presque 24 heures sur 24. Or, cette cohabitation forcée a ébranlé bien des couples, les plus précaires comme les plus solides, qui ne passaient d’ordinaire que quelques heures ensemble chaque jour.
Ainsi, le confinement, mesure utile pour freiner la propagation du coronavirus, a contribué à l’augmentation des tensions dans le couple.
Pensons-y. Du jour au lendemain, les couples ont été astreints à une nouvelle normalité, sans feuille de route pour les guider, qui les a obligés à tout partager : leur temps, leur espace, leur travail, leurs loisirs, leur intimité, leurs conversations, leurs silences. On prépare plus de repas, on doit se diviser les tâches pour s’occuper des enfants, ce qui nécessite une importante planification. On ne se retrouve plus le soir pour se raconter sa journée au travail ou pour souligner un événement au restaurant. On ne planifie plus de soupers entre amis ni de sorties au cinéma. On ne s’évade plus en amoureux le week-end pour se retrouver. Conséquence, on est toujours ensemble… La prise de distance, nécessaire à l’appréciation de l’autre et à l’évaluation d’une situation, semble plus difficile.
Des remises en question
Pour les couples les plus fragiles, le confinement a mené à des remises en question sur l’existence même de leur union. L’autre que l’on croyait aimable et soutenant se montre ombrageux, fuyant, voire instable. Faut-il continuer à vivre ensemble ou se séparer ? Le confinement a des répercussions non négligeables sur la santé mentale, ce qui peut aggraver la situation chez un couple aux assises précaires. Des épisodes de violence verbale ou physique ne sont pas exclus, comme en témoigne la hausse des appels d’urgence des femmes victimes de violence ou menacées, en Europe comme au Canada.
Pour les couples les plus solides, le temps en confinement a révélé des secrets, des silences, des confidences qui ont soit déstabilisé soit renforcé la relation. Plus question de manœuvrer entre les zones grises, d’oublier les gestes de refus ou de faire fi des malentendus. Les couples ont été en mesure de constater l’écart entre les choses qu’on dit et les choses qu’on fait. Plusieurs remises en question se sont avérées nécessaires à propos de la vie à deux, du désir de rester ensemble et de préserver son espace de vie et de travail bien à soi.
Les leçons apprises
Le point positif de la pandémie, c’est assurément que les couples ont pu ralentir la cadence et, donc, passer plus de temps ensemble pour se questionner, se surprendre et se réinventer dans leur vie commune. Pour y parvenir, plusieurs ont choisi de se déconnecter de la technologie pour être davantage présents et à l’écoute de l’autre afin de s’interroger sur leurs besoins et leurs désirs respectifs. Le confinement a démontré qu’il fallait être attentif aux détails, se soutenir l’un l’autre, en faisant preuve d’empathie et de compassion. Un surplus d’humanité qui a fait rebondir bien des couples !
Certains ont entrepris de faire le bilan de leur vie à deux, révélant que chacun était encore plus amoureux de son partenaire depuis qu’ils traversent ensemble cette période difficile. Ces couples ont compris l’importance de prendre conscience des émotions de l’autre, de cultiver une saine distance et d’affirmer respectueusement son identité individuelle.
Nous pouvons être d’accord sur une chose : le confinement a été productif pour plusieurs couples.
Une nouvelle perspective
Je vous laisse sur une note positive.
L’Amour, c’est quand la différence ne sépare plus. Comment ? En étant ensemble, suffisamment proches mais pas trop, afin de respecter l’autre et de ne pas se heurter. L’Amour, c’est se montrer attentionné, c’est prendre en considération les attentes de l’autre. C’est aussi se réserver des moments d’intimité et des moments seul aussi, afin de mieux se retrouver ensuite et de serrer l’autre dans ses bras, affectueusement. Voilà les gestes essentiels pour préserver sa relation et réapprendre à vivre ensemble.
Même si cela peut faire naître un sentiment d’insécurité, il est bon de se rappeler que l’autre n’est jamais totalement acquis, ne serait-ce que parce qu’il change constamment, tout comme soi. Apprendre de l’autre au fur et à mesure que la relation avance est donc primordial. Et que dire de l’humour et de la générosité qui peuvent agir sur le couple comme des roses… ? Je vous les prescrits sans réserve !
Mon souhait le plus cher est qu’après cette crise sanitaire sans précédent, les couples ne retrouvent pas ce qu’ils ne veulent plus !